Hyperphagie : causes et traitement de la polyphagie

Auteur Sandra Maribaux
Auteur : Sandra Maribaux, publié le 23/11/2014
Relu par le comité de rédaction

Les hyperphagiques se demandent que faire quand ils ont excessivement faim. Voici nos explications, conseils et solutions proposées.

Trouvez-vous que vous cherchez trop souvent de la nourriture dans le réfrigérateur ou que vous mangez beaucoup trop souvent ? Vous pourriez souffrir d'un trouble des conduites alimentaires (TCA) nommé l'hyperphagie.

Ce trouble, qui peut concerner aussi bien les hommes que les femmes, est également appelé : polyphagie, syndrome d'hyperphagie incontrôlée (dont la traduction en anglais est "binge eating disorder"), hyperphagie boulimique, boulimie non vomitive, compulsion alimentaire grave. Ce sont tous des synonymes.

Ce TCA concernerait plus de 4% des femmes et 2% des hommes en France (soit davantage que l'anorexie ou la boulimie).


> Définition

Ces deux termes viennent du grec "hyper" et "polys" qui signifient respectivement "supérieur" et "beaucoup", ainsi que du grec "phago" qui veut dire "manger" ou "dévorer".

Dans le cas de l'hyperphagie, il y a un signe clinique montrant un appétit anormalement accru, synonyme de faim excessive, qui pousse à apporter des quantités anormalement grandes d'aliments solides au corps via la bouche (autrement dit à surconsommer de la bouffe qui devient une obsession).

Cette gloutonnerie exorbitante ne disparaît pas simplement en mangeant davantage de nourritures ou en mangeant plus souvent que d'habitude. La personne mange non pas jusqu'à ce qu'elle n'ait plus faim, mais jusqu'à ce qu'elle a trop mal au ventre (et ne peut physiquement plus ingérer d'aliments car l'abdomen est trop gonflé).

Une personne fait des crises d'hyperphagie (hyper-alimentation) si elle consomme sur une courte période temporelle (moins de deux heures) une quantité de nourriture très nettement supérieure à la moyenne consommée par d'autres personnes (sur la même période et dans le même contexte), et si ces crises surviennent en moyenne deux fois par semaine au minimum, sur une période de 6 mois.



> Signes et symptômes

Une augmentation de l'appétence peut être normale dans certaines phases ou situations de la vie :

Mais quand l'appétit est trop important, faisant manger trop de manière très fréquente, cela peut refléter un problème de santé sous-jacent qui doit être traité.


Un polyphagique présente un comportement obsessionnel et compulsif envers la nourriture, et continue souvent à manger longtemps après avoir été rassasié (jusqu'à ce qu'il ait mal au ventre voire qu'il vomisse involontairement).

Cette consommation exagérée peut provoquer des douleurs abdominales (distensions inconfortables), de la culpabilité, de la somnolence.

Cette suralimentation est susceptible de prendre une grande quantité de temps dans la journée d'une personne souffrant de cette compulsion alimentaire grave, jusqu'à lui faire perdre trop de temps et perturber complètement sa routine quotidienne.


L'hyperphagie n'est pas nécessairement l'incapacité d'une personne à se contrôler devant la bectance et ce qu'elle consomme. Il n'y a en effet pas d'aliment particulier ou type de mets précis qu'une personne polyphagique puisse chercher à manger.

Les aliments qu'un hyperphagique pourrait vouloir consommer vont des bonbons ou Nutella aux plats salés, en passant par les nourritures chaudes et froides, et tout ce qui se trouve au milieu. Il peut manger à n'importe quelle heure, que ce soit diurne (le matin) ou nocturne (le soir) ; et n'importe quel jour, que ce soit en semaine ou en weekend.

Le signe le plus évident d'une personne souffrant de polyphagie est le fait d'avoir trop de graisse dans son corps (indice de masse grasse très élevé) ou d'être obèse (d'un point de vue de l'IMC, dont voici une calculette).

En effet, même si ce n'est pas parce qu'une personne est obèse qu'elle est polyphage, plusieurs études estiment que près d'une personne obèse sur deux l'est, et qu'entre 20 et 50% des personnes qui consultent pour soigner une surcharge pondérale (surpoids et obésité confondus) pourraient en fait souffrir de l'hyperphagie boulimique.

Cette surcharge pondérale peut provoquer de sérieux problèmes de santé y compris le diabète et les maladies cardiaques.

Si vous vous inquiétez par une augmentation soudaine d'appétit qui ne s'en va pas en vous alimentant, vous devriez consulter votre médecin. Il vous examinera pour vérifier si votre faim est un symptôme de diabète ou d'un autre ennui sanitaire.


D'autres signes montrant qu'une personne souffre du syndrome d'hyperphagie incontrôlée sont :
  • Elle consomme un grand volume de nourriture beaucoup plus vite que la moyenne (en plus de le faire plus fréquemment).
  • Elle a le sentiment de ne pas être maître de sa consommation de nourritures (aucun contrôle sur la nature des aliments ni sur la quantité).
  • Elle est incapable de stopper cette prise alimentaire (une fois commencée).

    Elle a une nette tendance à manger secrètement en solitaire, à s'isoler pendant ses crises d'hyper-alimentation afin de dissimuler le volume de nourriture consommée.

    Elle a tendance à parler ainsi lors d'une consultation : "Voilà je vous raconte. J'ai craqué devant la nourriture je ne sais combien de fois dernièrement, surtout quand je suis seule. Je n'en peux plus. Je grossis dans la solitude. Help, aidez-moi à m'en sortir ! J'aimerais ne pas craquer à cause de ma gourmandise."
  • Elle a l'impression de ne pas avoir d'amour-propre.
  • Elle sent un mal-être constant, être dépressive en permanence, être dégoûtée d'elle de façon récurrente.
  • Elle se sent coupable, honteuse, particulièrement dépressive et dégoûtée d'elle après avoir fait des crises hyperphagiques.
  • Elle se sent souvent extrêmement nerveuse.
  • Elle ne se fait pas vomir, ne prend pas de laxatifs, ne fait pas de sport pour compenser après avoir cédé à des crises d'hyper-alimentation (comme une personne boulimique l'aurait fait).

Une femme dévore littéralement un hamburger en s'écarquillant des yeux


> Causes

Il existe de multiples déclencheurs qui causent ce trouble des comportements alimentaires, dévastateur à la fois pour sa santé, son bien-être et son image de soi.

L'appétit trop élevé (qu'on peut qualifier d'obsession de manger) observé lors de cette compulsion alimentaire sévère peut avoir pour origine un dysfonctionnement voire un dégât de l'hypothalamus.

L'hypothalamus est une partie du cerveau constituée de noyaux qui ont pour rôle de lier le système nerveux avec le système endocrinien grâce à une glande endocrine appelée l'hypophyse.

Les autres rôles de l'hypothalamus consistent à contrôler la température corporelle, la faim, la soif, la fatigue et le sommeil.

C'est au niveau de l'hypothalamus que divers types de signaux sont intégrés, rendant possible un contrôle de l’appétit. Si cette structure du système nerveux central est endommagée ou fonctionne mal (pour diverses raisons), la régulation de l'appétit se passe mal et la polyphagie fait partie des risques possibles.


Les causes courantes de l'augmentation déraisonnable de l'appétit, provoquant une faim compulsive, comprennent :
  • Le diabète sucré (de type 1, de type 2, gestationnel, d'autres types spécifiques) : cette maladie se détecte souvent chez les adultes sur la base de trois symptômes. Il s'agit de la polyurie (urines abondantes), la polydipsie (augmentation de la soif) et l'hyperphagie alimentaire.

    Chez les diabétiques, soit il y a moins d'insuline soit les cellules de leur organisme sont résistantes à l'insuline (quand leurs médicaments antidiabétiques ne font pas/plus effet), et le glucose (présent dans le sang) est incapable de pénétrer dans les cellules.

    Du coup, le corps ne peut pas convertir la nourriture que vous consommez en énergie. Alors vous manquerez d'énergie, et des signaux sont envoyés au cerveau pour indiquer la faim. Cela conduit à une frénésie alimentaire.

  • L'acidocétose diabétique : le trouble hyperphagique survient généralement au début du parcours de l'acidocétose diabétique (une complication sévère du diabète, causée par une chute de la quantité d'insuline et une diminution de la glycémie).

    Toutefois, une fois que la carence en insuline devient plus aiguë et que l'acidocétose se développe, l'appétit est supprimé.

  • L'hypoglycémie : un faible taux de sucre dans le sang affame le patient. C'est une façon pour le corps de stimuler la personne à manger davantage, afin que sa glycémie redevienne normale.

    D'autres symptômes hypoglycémiques incluent la nervosité, les vertiges, la transpiration, les tremblements et la faiblesse. Des convulsions et le coma pourraient survenir à un niveau d'hypoglycémie très avancé.

  • L'hyperthyroïdie et la maladie de Graves Basedow (une affection auto-immune de la thyroïde) : ce sont des pathologies où il y a une hausse des niveaux d'hormones thyroïdiennes dans le sang.

    Ces hormones augmentent le taux métabolique, ce qui fait que le patient a la dalle plus rapidement. Il en résulte une croissance de l'appétit. Puisque les calories sont brûlées à un rythme plus rapide, les patients ne prennent pas plus de poids, et en perdent même.

  • Le syndrome prémenstruel : certaines femmes souffrent de ce syndrome juste avant leur menstruation. Elles éprouvent souvent une augmentation de l'appétit, surtout pour les plats riches en graisse et en sucre.

    La hausse de l'appétit est probablement déclenchée par les changements hormonaux avant la menstruation.

  • L'infestation par les vers intestinaux (le ténia par exemple) : cette infestation se produit surtout chez les enfants. Elle augmente la faim. L'enfant ne prend pas de poids. Le patient peut souffrir d'une douleur abdominale à cause de l'infestation.

    Et dire que s'introduire des ténia dans son système digestif était une méthode minceur autrefois à la mode ! Cela fait peur et heureusement que ce moyen malsain pour maigrir n'a jamais percé.

  • Les troubles de l'humeur et d'autres causes psychologiques : la psychose maniaco-dépressive, la dépression, le stress, l'anxiété, les troubles bipolaires, et d'autres désordres similaires peuvent augmenter l'appétit.

    La dépression est particulièrement corrélée à la polyphagie. Effectivement, presque 50% des hyperphages sont dépressifs ou développent une dépression par la suite.

    Diverses études suggèrent aussi que cette compulsion alimentaire grave peut naître à cause d'un manque d'amour-propre (la personne n'a qu'une estime de soi très faible), d'un mécontentement de son image corporelle, d'une solitude profonde. Dans ce cas, la sustentation représente une cachette.

    Voici une vidéo témoignage où une jeune femme ayant réussir à guérir de TCA dans le passé, et à se réconcilier avec son corps (alors qu'elle détestait son image corporelle), donne des conseils :


    Le stress (notamment post-traumatique) ou des blessures psychologiques non maîtrisées (comme le fait de perdre quelqu'un de très proche, de subir un crime sexuel ou un autre traumatisme) pourraient aussi provoquer l'hyperphagie compulsive (ou d'autres TCA).

  • La prise de certains médicaments : certains produits médicamenteux peuvent accroître l'appétit et donc la consommation de nourritures.

    Sont concernés les corticostéroïdes, certains antihistaminiques (comme la cyproheptadine), les neuroleptiques (qui sont utilisés pour soigner les psychoses) de type antidépresseurs tricycliques, ainsi que certains produits stupéfiants/illicites.

    Certaines personnes rapportent que la prise de pilules Diane 35 (une solution pour traiter l'acné) a causé des crises hyperphagiques chez elles.

    Le sevrage des amphétamines ou de boissons alcoolisées (chez les personnes trop dépendantes à l'alcoolisme) peut également causer ce TCA.

  • Les troubles cérébraux : le syndrome de Kleine-Levin est une altération rare du cerveau où le patient éprouve des épisodes outranciers de sommeil (hypersomnie) et d'alimentation. Ce syndrome affecte probablement l'hypothalamus.

    Des maladies génétiques très rares comme le syndrome de Prader-Willi et le syndrome de Bardet-Biedl se traduisent également par une alimentation démesurée.

  • La boulimie : ce TCA affecte la plupart du temps les jeunes femmes. Il provoque de courtes et intenses périodes de faim (tellement élevées qu'elles ressemblent à un état de famine) qui ont souvent pour conséquences des consommations alimentaires sans retenue aucune.

  • La perte de contrôle après avoir fait des régimes amaigrissants en série : chez les personnes déjà fragiles psychologiquement, une perte progressive de maîtrise sur les consommations alimentaires risque de s'installer après les échecs de plusieurs diètes, menant à des comportements compulsifs face à la bouffe.

  • L'endommagement de l'hypothalamus : cela peut arriver soit génétiquement (anomalie biologique ou mutation génétique comme celle de la MC4R mais cela reste très rare) soit par accident (choc brutal et intense du cerveau, cela arrive rarement aussi).

    Le dysfonctionnement de l'hypothalamus suite à ce dégât fait qu'il n'envoie plus de messages corrects en rapport avec la faim ou le plaisir. Mais nous le répétons, ce dégât reste un problème rare.


> Diagnostic et tests

Si vous vous plaignez d'avoir une faim excessive et si vous consultez un professionnel de la santé. Il vous examinera et voudra savoir :

En complément des questions précédentes, le fournisseur de soins de santé analysera aussi votre historique médicale et effectuera un examen physique. Tout cela pourrait suffire pour déterminer la cause de l'hyperphagie. Dans d'autres cas, des tests supplémentaires sont nécessaires.

Les examens utilisés dépendront de la cause suspectée :

Un homme avale tout ce qu'il tient dans les mains à savoir des chips et un sandwich gras et calorique


> Traitements et leurs conséquences

La polyphagie peut être passagère et disparaître progressivement même sans remède (surtout si la cause est "naturelle" comme par exemple des poussées de croissance), ou grâce à une alimentation plus équilibrée accompagnée d'une routine sportive plus régulière (permettant de reprendre confiance en son image corporelle).

Mais ce TCA peut aussi devenir chronique. Et le patient polyphage doit alors envisager un traitement, qui dépend de la cause. Comment se guérir de ce TCA ?

1) Une personne atteinte de diabète peut utiliser des injections d'insuline ou d'autres médicaments pour contrôler ses niveaux de sucre dans le sang. Voici les deux cas qui se présentent aux individus qui en sont malades :

  • Chez les diabétiques qui ont la fringale et qui ont une hyperglycémie : dans le cas où le taux de sucre reste anormalement élevé chez un patient souffrant du diabète, il est à remarquer que se contenter de manger beaucoup ne débarrassera pas la sensation de faim causée par la polyphagie chez les gens qui ne contrôlent pas leur diabète et qui n'arrivent pas à réduire leur taux de sucre sanguin.

    En effet, se nourrir avec excès ne fera qu'alourdir le taux de sucre déjà élevé dans le sang. La meilleure façon de réduire la glycémie dans ce cas, outre la prise de médicaments pour réduire l'hyperglycémie, reste de faire du sport car cela aidera à stimuler la production d'insuline et à réduire le taux de sucre sanguin.

    Cependant, si la faim persiste, vous avez besoin de consulter votre médecin ou un spécialiste dans la prise en charge du diabète.

  • Chez les diabétiques qui ont faim et qui ont une hypoglycémie, ou chez les personnes qui souffrent d'hypoglycémie de manière ponctuelle : leur appétit accru peut être causé par un taux de sucre anormalement bas dans le sang (hypoglycémie donc).

    Si les lectures de glycémie sont inférieures à 4 millimoles par litre (mmol/l), le corps réagit habituellement en libération du glucose stocké dans le foie afin d'élever les niveaux de glucose à la normale.

    Cependant, les personnes atteintes de diabète qui prennent des médicaments comme l'insuline et les sulfonylurées s'exposent au danger de développer une forme sévère d'hypoglycémie.

    Elles doivent donc traiter les faibles niveaux de glucose dans le sang en mangeant quelque chose de sucré dès que l'hypoglycémie est reconnue (fatigue ou faiblesse soudaine, difficulté à se concentrer, changements d'humeur exagérés, sensations de vertige).


2) Une personne qui souffre d'hypoglycémie (qu'elle soit diabétique ou pas) doit apporter à son organisme 10 à 15 grammes de glucides qui agissent rapidement (si son prochain repas s'approche) : comprimés de glucose (qui permettent de juger facilement combien de sucre elle prend), bonbons, boissons sucrées (dont la consommation rend difficile de savoir combien de sucre elle ingère, mais elles restent une bonne source de sucre en urgence), etc.

Et elle a encore un peu de temps avant le prochain repas, elle peut prendre des glucides qui sont absorbés plus lentement, afin de prévenir une nouvelle chute de sucre dans le sang.

Une tranche de pain ou un morceau de fruit (comme une pomme ou une banane) devrait aider à maintenir sa glycémie suffisamment élevée jusqu'au prochain repas. Mais elle doit être prête à tester sa glycémie à nouveau dans les 60 minutes afin de vérifier.

Et si les symptômes hypoglycémiques persistent après vérification, elle doit les traiter de nouveau. Il est possible que le traitement rapide initial ne suffit pas. Cela peut arriver si trop d'unités d'insuline à action rapide ont été prises.

Si les symptômes hypoglycémiques persistent au-delà de 15 minutes, il est recommandé de vérifier sa glycémie et de re-traiter avec un supplément de 10 à 15 g de glucose à action rapide.

3) Une personne atteinte d'hyperthyroïdie peut être traitée avec des médicaments, la chirurgie ou la thérapie radioactive.

4) Quelqu'un qui abuse de produits stupéfiants/illicites peut avoir besoin d'une réhabilitation des toxicomanes.

5) Une personne souffrant d'obésité morbide et de crises hyperphagiques régulières (qui peut se mélanger aux grignotages existants) peut consulter un médecin spécialisé en bariatrie pour considérer l'opportunité d'un anneau gastrique, d'un bypass, d'une sleeve, etc.

Ce type d'opération chirurgicale anti-obésité peut alors l'aider à faire perdre un grand nombre de kilos superflus en moins de 12 mois, et à combattre son hyperphagie.

6) Une personne souffrant de boulimie ou de dépression (ou d'un autre trouble de l'humeur) peut être traitée avec la psychothérapie. Des médicaments comme la fluoxétine et la sertraline peuvent être utilisés également.

Suivre une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) peut aider le patient hyperphage à se réconcilier avec une alimentation saine, et à ne plus ingérer de la nourriture lorsqu'il atteint le seuil de satiété.

Cette TCC axée à la fois sur la connaissance et le comportement se passe habituellement en deux phases :
  • Étape 1 : le patient doit travailler son comportement alimentaire (avec le psychiatre ou tout spécialiste de la psychanalyse/psychologie) pour renouer des liens sains avec les nourritures, ses aliments favoris, les approches prandiales (notamment postprandiales, c'est-à-dire après les repas) sans remord ni culpabilité, les goûts ressentis pendant les bouchées, la bonne détection du seuil de satiété, etc.

    Le patient peut être amené à photographier ses repas ou aliments grignotés afin de pouvoir être conscient de ce qu'il met à la bouche et ingère.

  • Étape 2 : le patient souffrant de boulimie non vomitive réapprend à fournir une réaction différente face à l'alimentation, à agir de façon distincte avec les plats dans tel ou tel contexte (familier ou pas), etc.

Il est à noter que le manuel DSM-V (aussi appelé DSM 5, cinquième édition du "Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux"), édité par la célèbre "Association Américaine de Psychiatrie" et abondamment utilisé par les professionnels en psychiatrie/psychologie malgré certaines critiques, reconnaît l'hyperphagie depuis le 18 mai 2013 (date de publication de sa cinquième édition, qui remplace la quatrième édition sortie en 1993 et révisée en 2000).

Dans certains cas, le praticien peut prescrire un antidépresseur comme la Venlafaxine (Effexor) ou la Sertraline (Zoloft), ou encore un anxiolytique (tranquillisant) comme l'alprazolam (Xanax), pour venir au secours de la TCC.

Certaines personnes ont également trouvé que certains traitements naturels comme l'acupuncture (à approfondir ici), le yoga, la méditation de pleine conscience (déjà évoquée dans l'un de nos précédents articles), l'hypnose ericksonienne ou l'hypno-nutrition (un article en parle ici), la kinésiologie, l'homéopathie, les fleurs de Bach, une alimentation plus équilibrée (comme les méthodes Weight Watchers ou Zermati, ou un autre type de rééquilibrage)... ont assisté leur guérison.

7) Voici une vidéo qui donne des conseils pour gérer et vaincre les crises d'hyperphagie (hyper-alimentation) :



Quels sont les effets secondaires possibles ?
Ils dépendent là aussi des traitements utilisés. Par exemple, les médicaments peuvent provoquer des réactions allergiques, des maux d'estomac ou de tête. Les effets indésirables spécifiques dépendent des médicaments utilisés. La chirurgie comporte un risque d'hémorragie et d'infection.

Que se passe-t-il après le traitement de l'hyperphagie ?
Une femme enceinte qui voit sa faim augmenter parce qu'elle attend un bébé ou un enfant qui a une poussée de croissance n'a pas besoin de remède supplémentaire.

Une personne atteinte de diabète nécessite un suivi et un traitement à vie.

Quelqu'un qui arrête d'abuser de produits stupéfiants pourrait ne plus souffrir d'une faim excessive.

Comment la polyphagie est-elle surveillée ?
Tout changement ou réponse au traitement peut être signalé au fournisseur de soins de santé.

D'autres surveillances sont liées à la cause. Par exemple, une personne diabétique doit vérifier ses niveaux de sucre dans le sang tous les jours.


> Préventions et effets à long terme

La prévention de l'hyperphagie est souvent impossible. Eviter de prendre des produits stupéfiants peut prévenir les cas liés à l'abus de produits illicites (mais ce n'est pas la majorité des cas polyphagiques). Prendre des médicaments comme prescrits et vérifier la glycémie régulièrement peut prévenir certains cas liés au diabète.

La faim, même dantesque, n'est pas contagieuse et ne pose aucun risque aux autres.

Certaines personnes hyperphagiques peuvent prendre du poids. Alors que d'autres peuvent perdre du poids malgré le fait d'avoir mangé davantage. C'est le cas des personnes souffrant d'hyperthyroïdie.

D'autres effets à long terme sont liés à la cause de l'ennui. Par exemple, les poussées de croissance chez les enfants ou les adolescents (surtout entre 15 ans et 17 ans) sont normales et n'ont pas d'effets durables. La dépression peut entraîner une incapacité du travail ou un obstacle d'interaction avec les autres. Le diabète non contrôlé peut susciter des dégâts à de nombreux organes du corps et même le décès prématuré dans les cas extrêmes.

Voici une vidéo reportage sur le syndrome d'hyperphagie incontrôlée et d'autres TCA :



> Ne pas confondre la polyphagie avec la boulimie

Ce sont toutes les deux des TCA. Les deux se ressemblent beaucoup dans le principe de trop manger. C'est ce qui provoque la confusion dans l'esprit de beaucoup de gens. Il y a pourtant une différence fondamentale.

Dans le cadre de la boulimie (aussi appelée boulimie nerveuse), une personne a des épisodes de perte de contrôle de son alimentation, et finit par s'adonner aux orgies alimentaires pendant une période de temps donnée.

Ces épisodes dit "boulimiques" sont suivis de comportements compensatoires (traduisant une volonté de reprendre le contrôle de son poids par culpabilité) comme : les vomissements (la personne se fait vomir intentionnellement), l'utilisation de laxatifs, le jeûne (qui est évoqué ici), ou l'utilisation de médicaments amaigrissants.

Alors que dans le cas de la polyphagie, la personne n'a pas de comportement réactionnel compensateur. En effet, l'individu souffrant du syndrome d'hyperphagie incontrôlée ne tente pas de contrôler son poids après avoir trop mangé. Il ne provoquera pas tout seul des vomissements, ne prendra pas de laxatifs ou ne fera pas trop de sport.

Bref, une personne souffrant d'hyperphagie ne cherchera pas à compenser l'apport démesuré de nourritures par diverses mesures (pour éviter de grossir), comme le ferait une personne souffrant de boulimie.

C'est donc "moins dramatique" quand on est polyphagique que quand on est boulimique. L'évolution de la polyphagie est généralement plus favorable car la solution est "plus facile" à trouver et à appliquer que dans le cadre du trouble boulimique.

Une jeune femme est en train de s'alimenter en secret


> Complications et autres problèmes liés

L'hyperphagie peut engendrer diverses préoccupations, à la fois physiques et psychologiques. Une alimentation située à un degré excessif mène habituellement à une prise de poids dans certains cas (déjà décrits plus haut), voire à l'obésité.

Et la surcharge pondérale augmente le risque des problèmes sanitaires suivants (le risque est accru en fonction du nombre de kilos en trop) : diabète, hypercholestérolémie, hypertension, complications cardiovasculaires, arthrose, gênes articulaires/musculaires, soucis gastro-intestinaux, apnée du sommeil, tracas menstruels, etc.

Les individus atteints de crises d'hyperalimentation souffrent fréquemment des problèmes mentaux suivants : anxiété, dépression, troubles de la personnalité, pensées suicidaires, insomnie (cliquez ici pour en savoir plus).


> Questions fréquemment posées

1) Quel médecin devrais-je visiter au cas où je souffre d'une augmentation de l'appétit ?
Vous devriez consulter votre médecin généraliste ou un médecin de famille qui, sur la base de plusieurs questions, va tenter d'identifier si l'augmentation de l'appétit est due à une anomalie.

Il peut ensuite prescrire des tests spécifiques et vous orienter vers un spécialiste.

2) Comment un médecin peut-il diagnostiquer la cause qui accroît l'appétit ?
Un médecin saura si l'augmentation de l'appétit est associée à d'autres caractéristiques et essaiera de déterminer la cause, par exemple l'augmentation de la soif et de la miction, ou des tremblements survenus lors d'une hyperthyroïdie.

Des examens comme le test de glucose sanguin, les tests de la fonction thyroïdienne ou les tests de selles (pour détecter les vers suspects) seront prescrits sur la base des symptômes sous-jacents. Le traitement du malaise sous-jacent permet généralement de contrôler l'appétit accru.

3) Peut-on contrôler ce TCA ?
En psychologie et encore plus en matière de troubles alimentaires, une règle règne : "plus il y a de contrôle, plus il y a perte de contrôle".

La maîtrise des pulsions devient illusoire. Les psychologues parlent d'ailleurs de "illusion de contrôle" et l'hyperphagie boulimique en est une parfaite illustration.

La plupart du temps, le problème ne s'arrête pas, pire il s'étend (s'il n'y a aucun traitement et si le patient atteint de boulimie non vomitive tente de se contrôler tout seul), parfois en mode alternance (périodes de maîtrise illusoire - voire de tendances anorexiques - suivies de périodes de compulsions).

Voici une vidéo où diététicienne spécialisée en comportements alimentaires donne des conseils de base pour soigner les compulsions en rapport avec l'alimentation :



> Associations contre les TCA dans les pays francophones, livres

Pour trouver de l'aide (voire un traitement gratuit dans certains cas) dans vos luttes contre ces troubles, vous pouvez consulter les sites d'associations suivants :
  • En France : www.anorexieboulimie-afdas.fr, www.aftcc.org
  • En Belgique : www.anorexie-boulimie.be, www.miata.be
  • Au Canada/Québec : www.anebquebec.com
  • En Suisse : www.boulimie-anorexie.ch
  • Au Maroc : groupe-hayna.blogspot.com
  • En Tunisie/Algérie : contactez-nous si vous connaissez un lien vers un site d'association, forum ou blog tunisien/algérien en rapport.


Vous pouvez aussi en savoir plus sur ce trouble en lisant l'excellent ouvrage "Mangez en paix" écrit par le psychiatre et psychothérapeute Gérard Apfeldorfer, ainsi que le très bon livre "L'hippopotame hyperphage" de Laurence Chianale et le remarquable bouquin du docteur Stéphane Clerget (pédopsychiatre) intitulé "Les Kilos émotionnels".

La rédaction a trouvé en revanche le livre "Hyperphagie, l'obsession de manger", de François Faucon (professeur d’Histoire-Géographie), peu utile à la compréhension et à la solution de ce trouble malgré son titre apparemment très pertinent et sa renommée.

Découvrez aussi notre article sur les TCA non spécifiés en cliquant ici.


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Photo portrait de l'auteur Sandra Maribaux
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