Allergie alimentaire : tout savoir

Auteur Sandra Maribaux
Auteur : Sandra Maribaux, publié le 05/06/2010
Relu par le comité de rédaction

L'hypersensibilité aux aliments est un souci qui concerne 2 à 5% de la population mondiale. Voici ce qu'il faut savoir sur ce problème.

L'allergie alimentaire est considérée comme une forme spécifique d'intolérance aux aliments. Elle est également appelée hypersensibilité aux aliments. Il s'agit d'une réponse anormale du système immunitaire à l'ingestion d'un aliment.

Les allergies alimentaires peuvent parfois causer des maladies graves, voire même le décès. Fruits à coque et cacahuètes représentent les causes principales de réactions allergiques mortelles appelées chocs anaphylactiques.

Sachez toutefois qu'une réaction à un aliment ne constitue pas nécessairement une allergie. Il s'agit souvent d'une réaction appelée "intolérance alimentaire". Votre système immunitaire ne se trouve pas à l'origine des symptômes d'intolérance alimentaire. Cependant, ces symptômes peuvent ressembler à ceux des hypersensibilités aux aliments et donner les mêmes sensations.


> Quand ce trouble se produit-il ?

Une intolérance aux aliments se produit quand l'ingestion d'un aliment provoque un effet indésirable. L'allergie alimentaire peut impliquer ou non le système immunitaire. Elle est causée par une protéine, des féculents, ou d'autres ingrédients ou encore par des additifs alimentaires (tels que les colorants, édulcorants et conservateurs).


> Comment les hypersensibilités aux aliments se produisent-elles ?

Les allergènes dans la nourriture constituent les substances qui induisent une intolérance aux aliments. Ils comprennent les protéines qui résistent habituellement à la chaleur de la cuisson, à l'acide dans l'estomac, et aux enzymes digestives dans les intestins. Par conséquent, les allergènes survivent assez longtemps pour traverser l'appareil gastro-intestinal, entrer dans la circulation sanguine et se diriger vers les organes cibles, causant des réactions allergiques dans tout le corps. Le mécanisme de l'allergie alimentaire implique le système immunitaire et l'hérédité.

Système immunitaire : une hypersensibilité aux aliments implique deux composants du système immunitaire. Le premier est un type de protéine, un anticorps nommé immunoglobuline E (IgE) qui circule dans le sang. Le second est le mastocyte, une cellule spécialisée qui se trouve dans tous les tissus du corps. Toutefois, le mastocyte se retrouve particulièrement dans les zones du corps qui représentent des sites typiques de réactions allergiques (le nez, la gorge, les poumons, la peau, l'appareil gastro-intestinal, etc.).

Hérédité : La tendance d'un individu à produire des immunoglobulines E (IgE) contre quelque chose d'aussi inoffensif en apparence que la nourriture semble héréditaire. En général, les personnes souffrant d'intolérance aux aliments viennent de familles où les allergies alimentaires se retrouvent couramment. D'ailleurs cela s'applique aussi aux allergies au pollen, à la fourrure, aux plumes ou aux médicaments. Ainsi, une personne qui possède 2 parents allergiques présente davantage de risques de développer des allergies alimentaires qu'une personne avec un seul parent allergique.

Mécanisme : pour qu'une réaction d'hypersensibilité à un allergène puisse se produire, la personne doit avoir été déjà exposée à cet aliment. Lors de la première exposition, l'allergène stimule la production par les lymphocytes (globules blancs spécialisés, présents dans le sang) d'anticorps IgE spécifiques à cet allergène.

Cette immunoglobuline E est ensuite libérée et s'attache à la surface des mastocytes dans les différents tissus de l'organisme. La fois suivante où la personne mange le même aliment, ses allergènes se dirigent directement vers les anticorps IgE spécifiques se trouvant à la surface des mastocytes. Les allergènes commandent aux cellules de libérer des substances chimiques telle que l'histamine. Selon le tissu sur lequel elles sont libérées, ces substances chimiques causent divers symptômes d'intolérance aux aliments.


> Signes et symptômes

Une multitude de symptômes et de maladies accompagnent les allergies alimentaires :
  • Gastro-intestinal : aphtes, maladie coeliaque (ou intolérance au gluten), diarrhée chronique, ulcère gastroduodénal, gastrite, côlon irritable (ou troubles fonctionnels intestinaux), syndrome de malabsorption, rectocolite hémorragique (ou colite ulcéreuse),
  • Génito-urinaire : incontinences, infections urinaires à répétition, néphrose,
  • Immunitaire : infections chroniques, infections fréquentes de l'oreille,
  • Mental et émotionnel : anxiété, dépression, hyperactivité, troubles de la concentration, insomnie, irritabilité, confusion mentale, changements d'humeurs, attaques,
  • Locomoteur : hygroma (ou bursite, inflammation et gonflement d'une région articulaire), douleurs articulaires, douleur dans le bas du dos,
  • Respiratoire : asthme, bronchites chroniques, sibilance (sifflement respiratoire),
  • Peau : acné, eczéma, urticaire, démangeaisons, éruptions cutanées,
  • Divers : arythmie, oedème, évanouissement, maux de tête liés à la fatigue, hypoglycémie, nez ou gorge qui démangent, migraines, sinusites.


> Pourquoi ce souci se produit-il ?

L'hypersensibilité aux aliments reste souvent héréditaire. Quand les deux parents ont des allergies, il existe 67% de chance que leurs enfants présentent aussi des allergies. Quand un seul des parents est allergique, il existe seulement 33% de chance que les enfants présentent des allergies.

L'exposition à répétition à un aliment, la digestion incorrecte et la fragilité de la barrière intestinale représentent d'autres facteurs qui peuvent mener au développement ou à l'entretien d'une intolérance aux aliments.

Une allergie alimentaire typique se produit lorsqu'une molécule d'un aliment ingéré agit comme un antigène (une substance étrangère qui déclenche la libération d'un anticorps IgE par les globules blancs). Quand l'immunoglobuline E et l'antigène de l'aliment s'attachent aux cellules spécialisées appelées mastocytes, cela entraîne la libération d'histamine et d'autres composés allergènes provoquant gonflements et inflammations.


> Facteurs alimentaires contribuant à ce problème

Les régimes d'exclusion (des aliments allergisants) représentent une manière utile d'identifier les allergies alimentaires. Dans un régime d'exclusion (des aliments allergisants), beaucoup d'aliments consommés couramment sont proscrits et remplacés par des substituts spéciaux hypoallergéniques.

Moins la personne mange d'aliments allergisants, plus il devient facile d'établir un diagnostic. Le régime d'exclusion standard comprend simplement veau, poulet, pommes de terre, riz, bananes, pommes et les légumes de la même famille que le chou (chou, chou de Bruxelles et brocoli). Des variations de ce régime peuvent convenir aussi, le point important reste de ne pas consommer d'aliments allergisants.

La personne traitée suit le régime d'exclusion pendant une semaine au moins, et peut aller jusqu'à un mois. Si les symptômes sont liés à une hypersensibilité alimentaire, ils disparaîtront typiquement avant le cinquième ou sixième jour du régime. Si les symptômes ne disparaissent pas, il se peut qu'un des aliments dans le régime d'exclusion en soit responsable. Dans ce cas, un régime encore plus restrictif doit être utilisé.

Après la période de régime d'exclusion, les aliments sont réintroduits un par un tous les deux jours. Les méthodes diffèrent en fait : un aliment est réintroduit tous les deux jours ou tous les un ou deux repas. Habituellement, après une semaine de désensibilisation due au régime, le patient va développer une sensibilité plus grande aux aliments allergisants.

La réintroduction d'aliments allergisants va typiquement produire un symptôme plus prononcé et reconnaissable qu'avant. Un suivi attentif et détaillé doit décrire les aliments réintroduits progressivement et les symptômes qui les accompagnent. Il peut s'avérer très utile de mesurer le pouls pendant la réintroduction des aliments, car des changements de pouls peuvent se produire quand un aliment allergisant est consommé.


> Quelles sont les hypersensibilités aux aliments les plus courantes ?

Chez les adultes, les aliments causant des allergies alimentaires les plus courants sont les crustacés (telles que la crevette, l'écrevisse, la langouste et le crabe), les fruits à coque tel que les noisettes, le poisson, les œufs, les cacahuètes (causant des chocs anaphylactiques sévères). Chez les personnes hautement allergiques, même une quantité minuscule d'aliment allergène (par exemple, 1 / 44 000 d'une cacahuète) peut provoquer une réaction allergique. Les personnes moins sensibles peuvent toutefois tolérer une petite quantité d'un aliment auquel ils présentent une intolérance aux aliments.

Chez les enfants, le schéma est un peu différent de celui des adultes. Les aliments causant une allergie alimentaire les plus courants sont les œufs, le lait, les cacahuètes, les fruits (tomates et fraises en particulier). Les enfants surmontent parfois leurs hypersensibilités aux aliments, mais les adultes ne se débarrassent généralement pas des leurs.

Par ailleurs, les enfants surmontent plus facilement les allergies au lait de vache ou au lait de soja que les allergies à la crevette, aux cacahuètes ou au poisson. Les adultes et les enfants tendent à réagir à ces aliments quand ils en mangent plus souvent. Par exemple, l'intolérance au riz est plus fréquente au Japon et l'hypersensibilité au cabillaud se trouve plus couramment dans les pays scandinaves.


> Allergies croisées

Elles se définissent par la manifestation de réactions allergiques à des aliments similaires (chimiquement par exemple) à des aliments déjà connus pour causer une réaction allergique. Si un individu a une réaction allergique qui a mis sa vie en danger, le médecin lui conseillera d'éviter toute nourriture similaire (qui pourrait provoquer la même réaction). Par exemple, si une personne présente une sévère allergie aux crevettes, il présentera probablement une hypersensibilité (appelée alors une "allergie croisée") aux crabes, langoustes et écrevisses.


> Intolérance aux aliments induite par l'effort (AAIE)

L'exercice physique peut induire une réaction allergique à un aliment. Voilà le scénario typique. La personne mange un aliment précis et puis fait de l'exercice physique. Pendant l'effort, la température de son corps augmente, elle commence à ressentir des démangeaisons, se sent étourdie, et développe rapidement les caractéristiques d'une réaction allergique (urticaire, asthme, maux abdominaux, voire même un choc anaphylactique).

Cette maladie est appelé anaphylaxie alimentaire induite par l'effort, et se retrouve plus fréquemment chez les adolescents et les jeunes adultes. Le remède, qui reste une mesure préventive en réalité, consiste à ne pas manger durant les 2 heures (au minimum) précédant l'exercice physique.


> Comment l'allergie alimentaire se traite-elle ?

Eviter les aliments allergisants : le principal traitement de l'hypersensibilité aux aliments consiste à exclure les allergènes de l'alimentation. Une fois l'aliment allergène identifié, il ne doit plus être consommé. Pour cela, les personnes concernées doivent lire des listes longues et détaillées des ingrédients sur les étiquettes de chaque nourriture qu'ils désirent consommer.

Beaucoup d'aliments causant des allergies (tels que les cacahuètes, les œufs et le lait) se retrouvent dans des plats auxquels ils ne sont pas associés normalement. Par exemple, les cacahuètes sont souvent utilisées comme suppléments de protéine, les œufs se retrouvent dans certaines sauces de salade, et le lait dans les pâtisseries. Les directives alimentaires demandent que les ingrédients soient listés sur les étiquettes.

Les gens peuvent éviter la plupart des aliments auxquels ils présentent une hypersensibilité s'ils lisent attentivement les étiquettes et, au restaurant, s'ils évitent les plats susceptibles de contenir les ingrédients nocifs pour leur santé.


Traiter un choc anaphylactique : les personnes souffrant d'intolérances aux aliments sévères doivent apprendre à traiter un choc anaphylactique. Même ceux qui connaissent bien leurs allergies peuvent faire une erreur ou recevoir un plat non conforme à leurs instructions spécifiques. Pour se protéger, les personnes qui ont déjà subi un choc anaphylactique suite à l'ingestion d'un aliment devraient porter un bracelet ou un collier médical signalant leur allergie alimentaire sévère.

Ces personnes devraient également apporter avec elles une seringue d'adrénaline (épinéphrine [EpiPen]) prescrite par leur médecin, et se préparer à se l'auto-administrer au cas où elle développerait une réaction allergique. Elles devraient ensuite chercher immédiatement de l'aide médicale en appelant les urgences pour être secourues à domicile ou être emmenées dans une salle d'urgence.


Traiter les autres symptômes de l'hypersensibilité aux aliments : plusieurs médicaments existent pour traiter les autres symptômes de l'intolérance aux aliments. Par exemple, les antihistaminiques peuvent soulager les symptômes gastro-intestinaux, urticaires, éternuements et un nez qui coule. Les bronchodilatateurs peuvent soulager les symptômes de l'asthme.

Ces médicaments sont pris lorsque la personne a ingéré par inadvertance un aliment auquel elle est allergique. Ils ne se montrent toutefois pas efficaces si vous les prenez avant le repas pour prévenir une réaction allergique. En fait, aucun médicament n'existe pour prévenir de manière fiable une réaction allergique à un aliment avant qu'il ne soit consommé.


> Médicaments traditionnels

La Prométhazine (Anergan, Histantil, Pentazine, Phénazine, Phencen, Promacot, Promet, Prorex, Shogan).


> Médicaments naturels

La pancréatine (moyennement efficace, plutôt sûr) ou la quercétine (peu efficace, moyennement sûr).


> Les mythes souvent entendus sur ce trouble

Malgré la reconnaissance sociétale et les informations les concernant, les allergies alimentaires augmentent en nombre. Voyons si vous avez déjà entendu l'un des mythes suivants concernant ce problème :

1) "Vous êtes allergique à tout aliment qui entraîne une réaction de la part de votre organisme"
Ceci est faux, il existe plusieurs problèmes qui peuvent survenir après l'ingestion de certains aliments. La majorité d'entre eux ne sont pas liés à l'hypersensibilité aux aliments. Les vraies intolérances aux aliments représentent des réactions immunitaires impliquant un type d'immunoglobulines (protéines qui participent à la réponse immunitaire de l'organisme), les immunoglobulines E (IgE).

D'autres types de réactions à la nourriture ne constituent pas des allergies alimentaires. Les intolérances alimentaires (comme l'intolérance au lactose ou au lait), les intoxications alimentaires (comme l'intoxication par l'eau) et les réactions toxiques en font partie. La prévalence (nombre de personnes atteintes) de l'hypersensibilité aux aliments dans la population est bien plus faible que celle des autres réactions alimentaires. Selon des estimations, les vraies intolérances aux aliments se manifestent chez 2 à 5% de la population.


2) "Toutes les allergies alimentaires des enfants disparaissent à l'âge adulte"
Lorsqu'ils grandissent, certains enfants peuvent mieux tolérer les aliments qui provoquaient des réactions allergiques chez eux. Cela arrive plus souvent avec des hypersensibilités au lait, aux œufs et à la farine. Dans ces cas d'intolérance aux aliments, les réactions (ou symptômes) peuvent diminuer d'ici la fin de l'enfance.

Toutefois, l'amélioration des symptômes ne signifie pas clairement dans toutes situations que l'hypersensibilité alimentaire a disparu. Par exemple, dans le cas de l'allergie à la farine (intolérance au gluten), les symptômes peuvent s'améliorer, mais une réaction allergique modérée persiste dans les intestins, et les symptômes et signes de l'allergie peuvent réapparaître dans les années suivantes. D'un autre côté, l'allergie au lait semble disparaître totalement lorsque les enfants grandissent.


> L'allergie alimentaire en quelques mots

  • Elle n'est pas courante, mais elle peut être grave,
  • Elle diffère de l'intolérance alimentaire, qui elle est beaucoup plus répandue,
  • Les types d'hypersensibilité les plus fréquents chez les adultes diffèrent de ceux les plus fréquents chez les enfants,
  • Chez les enfants, l'intolérance peut disparaître, alors que chez l'adulte, elle reste la plupart du temps,
  • Le diagnostic de l'hypersensibilité s'établit avec un antécédent médical détaillé, le journal alimentaire du patient et un régime d'exclusion,
  • L'intolérance se traite principalement en évitant les aliments allergènes dans l'alimentation.


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Photo portrait de l'auteur Sandra Maribaux
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