Poisson d'élevage ou sauvage : lequel est le plus sain ?

Auteur Sandra Maribaux
Auteur : Sandra Maribaux, publié le 06/02/2010
Relu par le comité de rédaction

Il y a débat depuis longtemps sur les différences entre poissons d'élevage et poissons sauvages. Nous allons voir qui sort vainqueur.

Entre les poissons élevés en aquaculture et ceux qui sont pêchés à l'état sauvage, lequel choisir ? De nos jours, il devient de plus en plus difficile de savoir quel type de poiscaille nous devrions manger, de savoir lequel est le plus sain entre les poissons d'élevage et les poissons sauvages. Beaucoup d'experts parlent des bienfaits apportés par les acides gras oméga-3 fournis par ces animaux marins, mais beaucoup évoquent également les inquiétudes soulevées par la contamination et l'impact négatif sur l'environnement exercés par les poissons d'élevage.

Ainsi, certains experts en nutrition conseillent de limiter la consommation du saumon d'élevage (probablement le poisson le plus souvent élevé par l'homme dans le monde) à une fois par semaine si vous n'arrivez pas à trouver des saumons sauvages.

Pourtant, d'autres experts en nutrition disent que cette limite n'a pas lieu d'être. Selon eux, le saumon est riche en acides gras oméga-3 et est une bonne source de protéines tout en étant pauvre en calories et en graisses saturées. Les acides gras oméga-3 sont réputés pour diminuer le risque de décès par crise cardiaque et améliorent le taux de cholestérol.

Or il se trouve que certaines espèces de saumons d'élevage contiennent plus d'acides gras oméga-3 que le même poids de saumons sauvages, de crevette grise, de poulet ou de bœuf (qui n'en apporte pas du tout). Parce que les saumons d'élevage se nourrissent davantage, ils contiennent plus d'acides gras oméga-3 que les saumons sauvages, qui ont tendance à brûler ces acides gras.

Tenant compte de ces bienfaits, les experts conseillent de consommer du poisson deux fois par semaine, surtout des poissons gras comme le saumon. Les poissons d'élevage comme les poissons sauvages vous fournissent les mêmes protéines maigres saines et les mêmes acides gras oméga-3.

Mais des études ont trouvé que certaines espèces de poissons sont contaminées par le méthymercure (un polluant pouvant freiner et limiter le développement du cerveau chez le foetus ; il s'agit de la forme la plus courante de mercure organique dans l'environnement), la dioxine, le polychlorobiphényle (PCB, liquides plus ou moins visqueux voire résineux, insolubles dans l'eau, incolores ou jaunâtres, à forte odeur aromatique).

Un compte-rendu de 2003 a montré par exemple que les saumons d'élevage américains avaient les taux les plus élevés en PCB. Une grande étude réalisée en 2004 a montré que les saumons d'élevage vivant dans la côte Est des Etats-Unis avaient un taux de PCB et d'autres toxines plus élevé que le saumon sauvage pêché dans l'océan Pacifique.

Nous consommons davantage de poissons élevés en aquaculture que de poissons capturés à l'état sauvages
Une ferme d'élevage de truites


Pourtant, les études réalisées dans les années suivantes ont trouvé que les avantages pour la santé apportés par les saumons d'élevage comme par les saumons sauvages excèdent les risques potentiels. Selon ces études, le niveau de PCB contenu dans les saumons d'élevage n'est rien comparé aux bienfaits pour la santé (notamment l'apport conséquent en acides gras oméga-3) que ces poissons représentent.

Depuis la réalisation de ces études récentes, beaucoup d'experts conviennent que les avantages pour la santé que procure la consommation de n'importe quel type de saumon (qu'il soit d'élevage ou sauvage) l'emportent sur les risques, surtout en tenant compte du fait que les maladies cardiaques frappent de plus en plus la société moderne alors que le saumon (tout comme la truite et le thon) constitue l'une des meilleures sources d'acides gras oméga-3, très bons pour le cœur.

Une étude américaine de 2006 a montré par ailleurs que la consommation des poissons, toutes sortes de poissons (y compris ceux issus de l'élevage), peut réduire le risque de décès par arrêt cardiaque de 36% et de la mortalité globale de 17%. Beaucoup d'experts jugent que de parler de risques d'être contaminés par les substances toxiques contenues dans les poissons est très exagéré.

Toutefois, il est vivement conseillé d'enlever la peau et la graisse autant que possible tout en utilisant des méthodes de cuisson telles que faire griller ou faire bouillir pour diminuer les apports en graisse (puisque les produits chimiques toxiques contenus dans les poissons se trouvent dans leur graisse).

Les poissons d'élevage reçoivent une alimentation souvent composée de poissons plus petits, comme les sardines, et s'ils mangent de la nourriture contaminée, ils retiennent la toxicité.

Depuis quelques années, les fournisseurs de nourriture pour poissons font davantage attention en se régulant, et les niveaux de certaines substances toxiques ont diminué. Le saumon d'élevage n'est pas la source principale de produits toxiques PCB. La majorité des PCB consommés provient d'autres produits animaliers comme le bœuf et le poulet.

Les femmes enceintes ou qui allaitent ainsi que les enfants de moins de 12 ans devraient éviter de manger les espadons, les requins, les malacanthidae, les maquereaux rois. En outre, ils devraient limiter leur consommation du thon blanc à moins de 150 grammes par semaine pour éviter le mercure.

Si vous vous inquiétez des problèmes de contamination, vous devriez essayer de trouver d'où leurs poissons proviennent et de se renseigner sur les problèmes potentiels dans cette région d'élevage (ou de pêche s'il s'agit de poissons sauvages). Actuellement, les tests de produits chimiques toxiques effectués sur les poissons ne sont pas généralisés, et les étiquettes n'indiquent pas toujours la façon dont ou le lieu où les poissons ont été pêchés.

Les consommateurs de poiscaille devraient également envisager de manger les poissons plus petits (sur la chaîne alimentaire) comme les anchois, les maquereaux et les sardines. Les petits poissons vivent moins longtemps et n'ont pas autant d'occasions que les grands de glaner des substances toxiques. Puisqu'ils se situent plus bas sur la chaîne alimentaire, les petits poissons sont une ressource alimentaire plus renouvelable (ils se renouvellent plus facilement et plus vite que les grands). Découvrez également les bénéfices liés à l'oméga-6.

L'impact sur l'environnement provoqué par la consommation de telle ou telle espèce de poisson est un problème important mais pas si simple selon les experts. Pour produire un saumon d'élevage, vous devez le nourrir plus que son propre poids en petits poisssons (5 fois plus), ce qui mène à une perte nette de poissons dans la mer et un bouleversement potentiel de l'écosystème. Imaginez un peu, pour nourrir 100 kilos de saumon d'élevage, il faut 500 kilos de poissons sauvages !

En effet, une étude internationale a montré qu'à la fin de 2009, plus de la moitié des poissons consommés dans le monde était élevé en mode aquaculture. Or au lieu de soulager la pression sur les réserves de poissons sauvages, la croissance explosive de l'aquaculture de poissons a plutôt exacerbé cette pression en provoquant une demande énorme de viandes de poissons sauvages et d'huile de poissons pour nourrir ces poissons d'élevage (cela est vrai même pour les espèces végétariennes comme la carpe).

Certains poissons d'élevage peuvent également recevoir des antiobiotiques qui, s'ils sont propagés dans la population humaine en de grandes quantités, pourraient provoquer une résistance antibiotique, ce qui veut dire que les bactéries ne répondront plus à ces médicaments.

Mais il y a aussi des poissons d'élevage qui sont produits dans des situations environnementales saines. Dans certains cas, il faut utiliser plus d'énergie pour capturer les poissons sauvages que de les garder dans un enclos (ce qui se passe avec les poissons d'élevage), provoquant un impact négatif sur l'environnement.

Manger une grande variété (beaucoup d'espèces différentes) de poissons est bon pour à la fois votre santé et pour l'environnement, disent les experts. D'un point de vue sanitaire, cela minimise votre risque d'être contaminés par une espèce de poisson en particulier. D'un point de vue environnemental, cela endommage en effet l'écosystème si tout le monde mangeait juste un seul type de poisson en masse. Découvrez par la même occasion les aliments à haute teneur en oméga-9.

De toutes les façons, l'homme n'aura plus le choix à partir des années 2040 entre poissons d'élevage et poissons sauvages. En effet, les experts en écosystème estiment qu'à partir de 2040, la quasi totalité des poissons sauvages aura disparu sur Terre, à cause des campagnes intenses de pêche dans les océans. Dès lors, les poissons d'élevage deviendront notre seule source (en poissons) de ces acides gras oméga-3.


Finalement, ce qu'il faudrait retenir est que les potentiels risques de contamination liés aux poissons d'élevage sont exagérés et sont largement négligeables compte tenu d'énormes bénéfices pour la santé qu'ils représentent (apports conséquentes en acides gras essentiels oméga-3 bons pour le cœur). En bref, les poissons d'élevage sont aussi sains à manger que les poissons sauvages.


Et vous, trouvez-vous que le poisson sauvage est plus sain que le poisson d'élevage ou vice versa ? Si vous avez aimé cet article, merci de le recommander sur Facebook, de le tweeter, de lui donner un vote +1 sur Google Plus.
Photo portrait de l'auteur Sandra Maribaux
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