Contrave : ce médicament amaigrissant vient d'être autorisé

Auteur Sandra Maribaux
Auteur : Sandra Maribaux, publié le 14/09/2014
Relu par le comité de rédaction

Contrave a reçu l'aval de la FDA. L'autorisation ne concerne que le marché américain, mais est déjà un grand pas pour son fabricant.

Est-ce que la troisième fois en deux ans sera la bonne pour le secteur des médicaments minceur ?


> Approbation

La Food and Drug Administration (FDA, "Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux") a approuvé le 10/09/2014 le médicament anti-obésité Contrave (en vente sur ordonnance), le troisième depuis 2012.

Ce produit est développé par Orexigen Therapeutics, une petite entreprise pharmaceutique basée à San Diego (Etats-Unis) et sera distribué par Takeda Pharmaceutical America (la filiale américaine de l'entreprise japonaise Takeda).

Il y a énormément de potentiel pour ce produit. Rien que sur le marché américain, sachant qu'environ un tiers des adultes américains sont obèses, un médicament minceur efficace pourrait voir ses chiffres de vente exploser.

Les médecins spécialisés dans la luttre contre l'obésité sont unanimes : de nouvelles approches en matière de perte de poids sont nécessaires, allant au-delà de simples changements d'alimentation et d'activités physiques, mais pas non plus jusqu'à la chirurgie bariatrique.

Mise à jour : le 19/12/2014, l'Agence européenne du médicament (EMA) a autorisé à son tour la mise en vente de ce médicament sur le marché européen, où il sera commercialisé sous le nom de Mysimba. Il exigera également une prescription pour être acheté.


> Pas d'excès d'optimisme

Mais les deux médicaments approuvés en 2012 (les premiers à recevoir l'approbation de la FDA depuis 1999) ont déçu en termes de ventes. Ces 2 produits s'appellent Qsymia (vendu par Vivus) et Belviq (commercialisé par Arena Pharmaceuticals et Eisai).

Les analystes, les docteurs et les responsables de ces compagnies pensent que l'une des raisons pour lesquelles Qsymia et Belviq luttent pour gagner la confiance des personnes obèses est que nombre d'entre elles pensent (à tort) que l'obésité n'est pas une maladie à traiter par la médecine.

Les patients sont prudents face à ces deux produits en vente depuis 2012 à cause des effets indésirables liés à d'autres médicaments amaigrissants (sortis avant 1999). Et pour de nombreux gens, la perte de poids obtenue grâce à ces produits reste modeste voire trop faible pour justifier le recours à un tel traitement médicamenteux (alors qu'il est coûteux).


> Efficacité de ce nouveau produit

Revenons à Contrave. Dans une étude clinique menée sur des patients ne souffrant pas de diabète, ceux qui avaient pris Contrave avaient observé une perte de poids moyenne de 4,1% supérieure à celle obtenue par ceux qui prenaient un placebo.

Environ 42% de ceux qui avaient pris Contrave avaient perdu au moins 5% de leur poids, par rapport à 17% chez ceux du "groupe placebo".

En février 2011, la FDA avait refusé d'approuver Contrave parce qu'il y avait des signes montrant que ce produit risque d'augmenter légèrement la fréquence cardiaque et la tension artérielle des patients.

Le fabricant Orexigen avait alors réalisé une étude sur 9000 patients afin de démontrer que son produit n'augmente pas le risque de crise cardiaque.

Cette étude est en cours, mais les résultats intermédiaires ont apparemment satisfait les régulateurs (la FDA).

Le médicament à prescription Contrave vient d'être approuvé par la FDA


> Composition et usage

Rappelons que Contrave est la combinaison de deux médicaments génériques existants, dans une formulation à libération prolongée. L'un est naltrexone, qui est utilisé pour traiter la dépendance à l'alcool et aux opiacés. L'autre est bupropion (approuvé sous le nom de Wellbutrin), qui est employé pour traiter la dépression et aider les gens d'arrêter de fumer (sous le nom de Zyban).

La boîte de Contrave contient un avertissement encadré sur le risque de pensées suicidaires. La même alerte se trouve sur le bupropion et d'autres antidépresseurs.

Contrave est approuvé par la FDA "pour la gestion chronique du poids en complément à une alimentation restreinte en calories et à une hausse des activités physiques".

Ce médicament à prescription est destiné à un usage chez les adultes obèses ayant un Indice de Masse Corporelle (IMC) de 30 ou plus, ainsi que chez les adultes ayant un IMC de 27 ou plus qui ont au moins un problème lié au poids (comme l'hypertension ou le diabète de type 2).

Contrave se trouve dans une autre classe médicamenteuse que les concurrents. En effet, ce produit fonctionne dans une partie différente du cerveau. En plus d'affecter l'hypothalamus, comme les produits rivaux, Contrave fonctionne dans la voie mésolimbique (également connue comme le circuit de la récompense).


> Qu'en pensent les experts ?

"Le fait que Contrave travaille une autre partie cérébrale est important parce que beaucoup de gens mangent dans l'objectif de se récompenser. Contrave désactivera ce système de récompense. C'est un produit fantastique qui peut fournir un mécanisme de traitement innovant. Avoir un nouveau produit disponible donnera aux gens un morceau d'espoir supplémentaire." estime Ethan Lazarus, médecin spécialisé dans la lutte contre l'obésité et membre du conseil d'administration de la Société Américaine de la Chirurgie Bariatrique.

"Contrave augmente le nombre de choix que nous les cliniciens avons pour traiter l'obésité. Ce médicament traite la dépendance à la suralimentation et c'est tout à fait bienvenu.", dit le docteur Ronald Tamler, directeur du Centre du Diabète de l'hôpital Mount Sinai (New-York, Etats-Unis).

"Bien que des médicaments, comme celui-ci, soient des alternatives utiles. Je recommande malgré tout de commencer avec le choix le moins cher et le plus fiable, avec zéro effet secondaire : une alimentation équilibrée, une routine sportive régulière, en consultant régulièrement votre médecin et/ou une diététicienne," ajoute-t-il.

Ronald Tamler précise qu'un autre choix pour les patients est la chirurgie bariatrique, "qui est efficace pour augmenter l'espérance de vie, réduire le diabète, le risque de développer un cancer, des maladies cardiaques et de nombreuses autres pathologies".


> Avertissements et effets indésirables

Selon la FDA, les patients qui utilisent Contrave à une dose normale devraient être évalués après 12 semaines afin de voir si le traitement fonctionne. Si un patient n'a pas perdu au moins 5% de son poids, la prise de Contrave doit être arrêtée, car il est peu probable que le patient va atteindre et maintenir une perte de poids en poursuivant le traitement.

Parce que ce médicament contient du bupropion, il présente une boîte d'alerte sur son emballage afin d'avertir les médecins et les patients des risques acrus de pensées et de comportements suicidaires associés aux antidépresseurs. L'avertissement indique aussi que des événements neuropsychiatriques graves ont été observés chez des patients prenant du bupropion pour cesser de fumer.

Le bupropion et la laltrexone sont les principes actifs du médicament amaigrissant Contrave


Contrave peut aussi élever la tension artérielle et la fréquence cardiaque, et ne doit pas être utilisé chez des patients atteints d'hypertension incontrôlée, selon la FDA.

Les réactions indésirables les plus fréquemment rapportées pendant un traitement avec Contrave comprennent la nausée, la constipation, les maux de tête, les vomissements, les étourdissements, l'insomnie, la bouche sèche et la diarrhée.

La FDA prévoit de nombreuses études de suivi post-marketing afin de tester Contrave chez des patients plus jeunes et chez des patients atteints d'autres maladies chroniques.


> Une autre approbation à venir ?

Cette même semaine, un comité consultatif de la FDA a envisagé l'approbation d'un autre médicament anti-obésité possible (liraglutide, du fabricant Novo Nordisk) après l'avoir estimé dépourvu de dangers le 11/09/2014.

Le médicament liraglutide est déjà commercialisé sous le nom de Victoza en tant que traitement antidiabétique. Novo Nordisk propose une dose supérieure pour le traitement anti-obésité.


> Qu'en pensent les concurrents ?

La direction d'Arena, le vendeur de Belviq (produit concurrent de Contrave), a salué l'approbation de ce produit. Les dirigeants estiment qu'avoir plus de commerciaux pour présenter les médicaments anti-obésité (même les vendeurs rivaux) augmentera la taillé du marché.

"Plus c'est mieux, dans ce cas. Il est nettement plus facile de développer le marché tous ensemble que d'essayer de prendre des parts de marché d'un concurrent", dit Craig Audet, le vice-président d'Arena Pharmaceuticals.


> Pour en savoir plus



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Photo portrait de l'auteur Sandra Maribaux
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