Iode : bienfaits, sa carence met la santé de la thyroïde en danger

Auteur Sandra Maribaux
Auteur : Sandra Maribaux, publié le 17/03/2011
Relu par le comité de rédaction

Il s'agit d'un oligo-élément essentiel à la santé de la thyroïde notamment. Une carence dérègle le fonctionnement de la glande thyroïde.

L'iode est un oligo-élément et un nutriment essentiel présent à l'état naturel dans le corps humain. Ce minéral est nécessaire pour le métabolisme normal des cellules. Le métabolisme étant le processus de conversion des aliments en énergie, nous avons besoin d'iode pour faire fonctionner correctement notre thyroïde et pour une production adéquate des hormones thyroidiennes. Cet oligo-élément est donc crucial pour conserver la santé de la thyroïde.

Rappelons que les oligo-éléments sont des éléments minéraux dont tout organisme a besoin pour survivre (autres que le carbone, l'hydrogène, le nitrogène et l'oxygène), mais en quantités très faibles. D'autres exemples d'oligo-éléments sont le calcium, le magnésium, le potassium, le sodium, le zinc.


> Quel rôle en cas d'accident nucléaire ?

En mars 2011, depuis le séisme au Japon et le tsunami qui a suivi, provoquant entre autres un enchaînement d'accidents à la centrale nucléaire de Fukushima 1 (situé dans le nord-est du Japon), beaucoup de personnes se pressent pour acheter de l'iode afin de se protéger contre des retombées radioactives (liées au parcours du nuage radioactif dégagé par cette centrale nucléaire japonaise).

L'iode-131 (sous la forme chimique de l'iodure) est une composante des retombées nucléaires et a un caractère particulièrement dangereux en raison de la propension de la glande thyroïde à concentrer l'iode ingéré, où il est conservé pour une période plus longue que la demi-vie radioactive de 8 jours de cet isotope. Notons qu'en radioactivité, le temps de demi-vie correspond au moment où la moitié des noyaux radioactifs d'une source se sont désintégrés (où la source perd la moitié de son activité radioactive).

Pour cette raison, si les gens sont censés être exposés à une quantité importante d'iode radioactif lié à l'environnement (l'iode-131 contenu dans les retombées radioactives), ils peuvent être conseillés à prendre des comprimés non-radioactifs d'iodure de potassium (qui sont à base d'iode-127). Ce conseil de prévention concerne surtout les enfants et les femmes enceintes ou allaitant (car les risques de cancers thyroïdiens étant importants chez ces populations).

La dose typique pour un adulte est un comprimé de 130 mg d'iodure de potassium par 24 heures. Cette dose fournit 100 mg (100 000 microgrammes) d'iode, sous forme d'ion iodure. Rappelons que la dose quotidienne d'iode pour maintenir une santé normale est de l'ordre de 150 microgrammes pour un adulte (voir la partie "Apport nutritionnel recommmandé par jour" plus bas). En consommant cette grande quantité d'iode non radioactif, l'absorption d'iode radioactif (iode-131) par la glande thyroïde est réduite au minimum (pendant la période d'exposition à l'iode radioactif).

Notons qu'après l'âge de 40 ans, utiliser les comprimés d'iodure de potassium de manière préventive n'est pas conseillé. En effet, les effets secondaires de l'iodure de potassium augmentent avec l'âge et peuvent dépasser ses effets protecteurs. En revanche, utiliser ces comprimés reste recommandé en cas de contamination effective justifiant la protection de la thyroïde. Si vous vous trouvez en France, la probabilité d'être irradiés par l'iode-131 reste toutefois minime selon les experts en radioactivité (en effet, les composantes du nuage radioactif ont tout le temps de se disperser sur les 14 000 km qui séparent le Japon de la France).

Signe de l'énorme demande des comprimés d'iodure de potassium née de la crainte que le nuage radioactif parti du Japon provoque des irradiations aux Etats-Unis, au 16/03/2011, Anbex le principal fabricant américain de comprimés d'iodure de potassiumest en rupture de stock. Anbex est l'unique entreprise à fabriquer un médicament à base d'iodure de potassium sous forme de comprimés (nommé ioSAT) aux Etats-Unis. Une autre entreprise nommée Fleming Pharmaceuticals fabrique quant à elle de l'iodure de potassium sous forme liquide.


> Sources alimentaires

Le sel iodé (le sel de table auquel le fabricant ajoute de l'iode) est la principale source d'iode. Les fruits de mer sont naturellement riches en iode. La morue, le bar, l'aiglefin et la perche sont également des poissons contenant beaucoup d'iode. Les algues marines fucus, kombu, dulse, wakame, nori, arame, hiziki, etc. sont des algues marines riches en iode.

Les produits laitiers apportent aussi cet oligo-élément (des solutions à l'iode sont utilisées pour nettoyer les mamelons des vaches et les équipements laitiers et finissent dans le lait). D'autres bonnes sources alimentaires sont les plantes cultivées dans un sol riche en iode (par exemple celles qui sont cultivées près de l'océan).


> Carence : quels effets secondaires provoque un manque ?

La carence en iode peut survenir dans des endroits qui ont un sol pauvre en iode. Plusieurs mois de manque d'iode dans l'alimentation d'une personne peut provoquer le goitre ou l'hypothyroïdie. Sans consommer assez d'iode, les cellules de la thyroide et la glande thyroïde deviennent hypertrophiés.

L'hypothyroïdie peut se manifester par un manque d'énergie, une peau sèche ou de teint jaunâtre, des picotements et des engourdissements dans les extrémités, la prise de poids, la perte de mémoire, des changements de personnalité, la dépression, l'anémie, et des menstruations longues et lourdes chez les femmes.

L'hypothyroïdie peut également provoquer le syndrome du canal carpien et le phénomène de Raynaud (épisodes de perte de débit sanguin dans les doigts, les orteils, les oreilles et le nez). L'hypothyroïdie peut entraîner des augmentations significatives des taux de cholestérol et d'homocystéine et est impliqué dans environ 10% des cas de taux élevés de cholestérol.


La carence en iode se produit plus souvent chez les femmes que chez les hommes, et est plus courante chez les femmes enceintes et les filles les plus âgées. Obtenir assez d'iode via l'alimentation peut prévenir une forme de déficience physique et mentale appelée crétinisme, qui reste très rare dans les pays occidentaux parce que la carence en iode n'y est généralement pas un problème.

Dans le monde, surtout dans les pays sous-développés, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 1 milliard de personnes risquant des dégâts au cerveau à cause de la carence en iode. Le crétinisme affecte environ 50 millions d'enfants dans le monde (surtout dans les pays sous-développés). En Amérique Latine et dans les Caraïbes, les experts estiment qu'au moins 200 millions de personnes sont exposées à un plus grand risque de souffrir d'un goitre.

Quand une femme enceinte souffre de carence en iode, elle risque de faire une fausse couche, d'avoir un bébé mort-né, de faire souffrir un retard mental à son bébé à naître. Même une légère carence en iode peut entraver la croissance du cerveau des enfants, réduire leur quotient intellectuel, provoquer des handicaps dans leur apprentissage.


> Apport nutritionnel recommandé par jour

La meilleure façon de satisfaire le besoin quotidien du corps en vitamines et minéraux consiste à adopter une alimentation équilibrée qui contient une variété d'aliments, comme expliqué dans la pyramide alimentaire.

Un quart de cuillère à thé de sel de table iodé apporte 95 microgrammes (mcg) d'iode. Une portion de 100 g de poisson pêché dans l'océan apporte 380 mcg d'iode. La plupart des gens peuvent obtenir l'apport nutritionnel recommandé journalier en iode en mangeant des fruits de mer, du sel de table iodé et des plantes cultivées sur un sol riche en iode. Quand vous achetez du sel, cherchez les produits étiquettés "iodé".

Voici les apports nutritionnels recommandés par jour en iode :
  • Bébés de 0 à 6 mois : 110 mcg par jour (mcg/jour),
  • Bébés de 7 à 12 mois : 130 mcg/jour,
  • Enfants de 1 à 3 ans : 90 mcg/jour (maximum 200 mcg/jour),
  • Enfants de 4 à 8 ans : 90 mcg/jour (maximum 300 mcg/jour),
  • Enfants de 9 à 13 ans : 120 mcg/jour (maximum 600 mcg/jour),
  • Hommes et femmes de 14 ans à 18 ans : 150 mcg/jour (maximum 900 mcg/jour),
  • Hommes et femmes de plus de 18 ans : 150 mcg/jour (maximum 1 100 mcg/jour),
  • Femmes enceintes : 220 mcg/jour (maximum 900 mcg/jour),
  • Femmes qui allaitent : 290 mcg/jour (maximum 900 mcg/jour).

Les recommandations spécifiques dépendent de l'âge, du sexe et d'autres facteurs (comme une grossesse). Les femmes qui sont enceintes ou qui produisent du lait au sein pour allaiter leurs bébés ont besoin de quantités supérieures en iode. Demandez à votre médecin quelle quantité vous convient le mieux en cas de doute.

Des suppléments en iode existent généralement en quantité de 150 mcg/comprimé. Prendre un comprimé à ce dosage suffit donc pour un homme ou une femme de plus de 14 ans. Une femme qui allaite peut prendre 2 comprimés à ce dosage.


> Toxicité

L'intoxication en iode est rare dans les pays industrialisés. Une consommation excessive d'iode peut dérégler le bon fonctionnement de la glande thyroïde.

Ne dépassez jamais les limites indiquées dans la partie précédente (entre parenthèses derrière les mentions "maximum"). Consommer trop d'iode sur une longue période provoque un goitre.


> Antagonistes

Il existe des composés dans le soja, les graines de lin et les légumes crucifères crus (brocoli, choux de Bruxelles, chou-fleur, choux) qui contrarie l'iode. Ces composés sont appelés goitrogènes et provoquent une glande thyroïde hypertrophiée (aussi appelée un goitre). Ainsi, consommer de grandes quantités de soja en plus d'une consommation insuffisante en iode peut exacerber la carence en iode.

Dans certains pays occidentaux (comme les Etats-Unis), il existe dans diverses villes une inquiétude à propos de la contamination de l'eau et des légumes frais par le perchlorate (un minéral utilisé entre autres pour faire des engrais commercialisés à grande échelle, or ces engrais peuvent contaminer les nappes d'eau souterraine). Le perchlorate interfère avec la fonction thyroïdienne, en particulier chez les personnes qui n'atteignent pas l'apport nutritionnel recommandé en iode par jour de manière régulière.


> Choses à savoir sur cet oligo-élément
  • Un goitre (glande thyroïde hypertrophiée) peut être provoqué quand vous mangez trop peu (carence en iode) ou trop d'iode (intoxication à l'iode). Dans les deux cas, les symptômes peuvent aussi être les mêmes : hypothyroïdie (le métabolisme se ralentit et le poids ainsi que le taux de cholestérol augmente) ou hyperthyroïdie (le métabolisme augmente, ce qui provoque la perte de poids),
  • Une carence en iode peut empêcher le développement du cerveau chez un fœtus, alors les femmes enceintes (surtout les femmes enceintes végétaliennes) devraient manger suffisamment d'iode,
  • Le sel iodé possède de l'iode ajouté. Le paquet indiquera que le sel est iodé. Dans les pays occidentaux, l'iode est généralement ajouté au sel iodé à dose de 76 mcg par quart de cuillère à café (soit 1 gramme) de sel. 1 gramme de sel iodé apporte 500 mg de sodium,
  • Le sel qui se trouve dans les nourritures emballées n'est habituellement pas du sel iodé,
  • Le sel de mer, qui ne contient pas nécessairement de l'iode, produit les mêmes effets sur la tension artérielle et le calcium que le sel de table.


> Le saviez-vous ?

L'iode a été découvert par le chimiste français Bernard Courtois (1777-1838) en 1811. Il a isolé l'élément en ajoutant de l'acide sulfurique aux cendres des algues. Cela produit une vapeur violette, qui se condense pour former des cristaux sombres. Le nom de l'iode vient du grec "iodès" qui veut dire violet. Malgré sa découverte très importante, Bernard Courtois termina sa vie ruiné parce qu'il n'avait pas pensé à déposer un brevet d'invention lors de sa découverte de l'iode (un brevet lui aurait assuré une grande fortune).


Que pensez-vous de l'importance de l'iode sur la santé de la thyroïde ? Avez-vous déjà fait attention à la carence en iode ? Quel autre oligo-élément consommez-vous beaucoup ? Si vous avez aimé cet article, merci de le recommander sur Facebook, de le tweeter, de lui donner un vote +1 sur Google Plus.
Photo portrait de l'auteur Sandra Maribaux
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