Avantages et inconvénients du jeûne

> Avantages

La privation volontaire de nourriture permettrait de maintenir une bonne santé (autant qu'une alimentation saine, que l'exercice physique ou d'une psychologie équilibrée). Les fervents défenseurs du jeûne pensent que cette pratique permet de "nettoyer" l'organisme afin de le préparer parfaitement à l'autoguérison (en le faisant reposer et se régénérer).

Jeûner permettrait (beaucoup de tests affirment les phrases ci-dessous sans véritable groupe de contrôle sérieux et indépendant) de :

  • Soulager l'arthrite rhumatoïde (pour diminuer la douleur et augmenter la capacité fonctionnelle),
  • Contribuer aux traitements de l'hypertension et de la pancréatite aiguë (pour réduire la douleur abdominale),
  • Améliorer la qualité du sommeil (en faisant diminuer le nombre de réveils pendant la nuit),
  • Soulager d'autres maux : allergie, asthme, rhumatismes, sinusite, eczéma, constipation, troubles digestifs, maladies du foie, etc.
  • Elever l'âme en éclaircissant l'esprit et les 5 sens,
  • Réduire le stress en prenant du repos,
  • Faire perdre du poids rapidement. Pas besoin de test bien évidemment, cette affirmation est fondée mais représente bien des inconvénients tout aussi fondés, comme nous allons le voir ci-dessous.


> Inconvénients

La pratique du jeûne à des buts thérapeutiques est sujet à controverses. Certains spécialistes de la santé dénoncent un danger pour la santé ou en tout cas conseillent vivement de ne le pratiquer qu'avec l'assistance et la surveillance d'un médecin ou d'un nutritionniste. Censé éliminer les toxines de l'organisme, beaucoup de spécialistes pensent qu'il vaut mieux préférer un régime élevé en fibres alimentaires à la place (notamment parce que jeûner provoque la création de déchets liés à la combustion des réserves de protéines et de graisses).

La privation de nourriture possède des limites réelles. L'organisme humain, jeune et en bonne santé, peut supporter un jeûne complet, mais n'excluant pas la prise de boisson, pendant une période assez longue, jusqu'à trois mois (comme en témoigne l'histoire de 9 détenus de la prison de Cork en Irlande en 1920 qui avaient jeûné pendant 94 jours, il y eut aussi celui de Bobby Sands mort à Belfast le 5 mai 1981 après avoir engagé une grève de la faim sans retour le 1er mars) si la personne est bien portante et bien nourrie au moment de commencer à jeûner. La physiologie s'adapte rapidement en mobilisant les réserves internes, mais, assez vite (en moyenne au bout de 3 à 4 semaines), jeûner peut comporter des risques importants, notamment vers la fin, sur le rythme cardiaque. Un suivi médical est vital au moins à partir de la 4ème semaine (plus ou moins suivant l'état de santé, les conditions de la privation et la nature des réserves au départ).

Le jeûne n'est pas du tout conseillé aux personnes diabétiques traitées à l'insuline, en mauvais état mental, atteintes de maladies rénales, de tuberculose, cardiaques ou hépatiques ainsi qu'aux femmes enceintes et enfants.

La perte de poids induite par la privation seule ne semble pas efficace à long terme. Il faut également modifier votre style de vie, adopter des habitudes alimentaires saines et faire des exercices physiques, sans quoi vous reprendrez le poids perdu grâce à cette pratique, tôt ou tard, avec l'effet yo-yo.

Les carences restent nombreuses, notamment parce que vous ne perdez pas uniquement des kilogrammes de graisse (70% du poids perdu) mais également ceux des muscles (30% environ du poids perdu). La perte de protéines (liée à la fonte de la masse musculaire) reste très importante. Elle représente un danger puisque lorsque vous utilisez les protéines comme source d'énergie de votre organisme, vous générez des déchets dont l'acide urique. Or un niveau élevé de cet acide dans votre sang peut provoquer des crises de goutte si vous faites partie des personnes prédisposées.

Les carences en vitamines (B et C) et oligo-éléments (minéraux tels le sodium, le potassium, le magnésium et le calcium...) sont importantes également. Elles peuvent mener à l'anémie (anomalie de l'hémogramme caractérisé par une diminution de la concentration en hémoglobine intra-érythrocytaire et par le manque d'érythrocytes qui entraîne un mauvais transport de l'oxygène par le sang) en cas de jeûnes répétés ou de durée trop longue.

Si vous n'avez pas suivi correctement l'étape de préparation préalable à un jeûne, vous risquez très fortement d'éprouver des malaises : vertiges, troubles visuels, convulsions, chute de la pression artérielle, lassitude, mauvaise haleine, sueurs, déshydratation, migraines, insomnie, nausée, étourdissements, irritation cutanée (éruption de boutons, etc.), douleurs musculaires, décalcification osseuse voire l'état de choc...

Financièrement, les frais de consultation des spécialistes de santé avant et pendant un jeûne (indispensables) peuvent s'avérer relativement coûteux. Cela devient carrément cher si vous décidez de suivre votre privation volontaire de nourriture dans un établissement spécialisé (ex. : cliniques spécialisées), dédié aux conseils, assistances et suivis des jeûneurs.

Le jeûne vous marginalise socialement et professionnellement puisque vous ne participerez pas aux repas en groupe ni en famille et que la fatigue sera tellement importante que vous ne pouvez pas excercer une activité professionnelle.

La diète hydrique reste déconseillée (sauf si vous souffrez d'une obésité très importante, et que votre spécialiste en santé vous la prescrit) si vous l'entretenez dans le seul but de maigrir (même limitée à un jour par semaine) pour des raisons précitées mais aussi parce qu'elle vous fatiguera énormément, endommage votre capital santé (notamment en baissant vos défenses immunitaires, augmentant le risque d'infections virales ou bactériennes) et ne fait pas éviter l'effet yo-yo (car votre organisme aura mémorisé les faibles besoins énergétiques pendant le jeûne et stocke alors tout nouvel apport énergétique - devenu après la privation nécessairement excessif par rapport aux apports quasi nuls pendant le jeûne - très facilement). Vous risquez très fortement de reprendre les kilogrammes perdus, et même plus encore.

De plus, veillez très particulièrement à la phase de réalimentation qui peut provoquer des arrêts cardiaques si elle s'effectue mal. En effet, en réintégrant mal les glucides dans votre régime alimentaire, l'effet du potassium sur votre métabolisme peut provoquer des arrêts cardiaques. Il s'agit entre autres d'une raison pour consulter absolument un spécialiste de santé avant, pendant et après une diète hydrique.


> Le saviez-vous ?

a) Origines
Socrate vantait déjà les vertus de la privation volontaire de nourriture il y a 2 500 ans. Il s'émerveilla des capacités de cette pratique à aiguiser l'esprit lors d'un repos physiologique complet.

Les premières bases scientifiques furent établies à la fin du 19ème siècle. Le docteur Isaac Jennings (1788-1874) fit partie des premiers médecins américains à préconiser le jeûne. Docteur Jennings abandonna même la médication dès 1822 pour adopter une nouvelle science qui allait s'appeler hygiène naturelle ou système hygiénique.

Le chiropracticien et naturopathe Herbert Macgolfin Shelton (06/10/1895-1985), reconnu comme le fondateur de l'école hygiéniste, élabora un protocole basé sur une privation stricte à l'eau et dépourvu d'exercices physiques.

b) Nécessité de jeûner pour des raisons médicales
Avant une anesthésie non urgente, le jeûne est nécessaire, en raison du risque de vomissements lors de l'induction de l'anesthésie, pouvant entraîner un passage du contenu gastrique dans les bronches, ayant pour conséquence un syndrome de Mendelson (ou syndrome d'inhalation bronchique, il s'agit d'un syndrome qui résulte de la pénétration dans les bronches et les poumons de liquide gastrique ; le liquide gêne l'arrivée d'air jusqu'aux vacuoles et donc la respiration (noyade) ; le liquide étant acide, il attaque les muqueuses, provoquant des lésions inflammatoires graves très difficiles à soigner, avec notamment la formation d'un oedème pulmonaire et une infection).

Après une intervention chirurgicale, le jeûne peut être indiqué en raison :

  • D'un ileus digestif (paralysie intestinale) pouvant avoir pour origine le geste chirurgical lui même ou l'utilisation de certains médicaments,
  • Ou de la nécessité de protéger les sutures digestives jusqu'à cicatrisation.

c) Jeûne politique

La version politisée, appelé également jeûne de protestation ou grève de la faim, est, semble-t-il, une invention de Gandhi.

Il a ensuite été utilisé par plusieurs personnalités en Europe, dont Lanza del Vasto, notamment pendant la guerre d'Algérie, pendant le concile Vatican II et la lutte des paysans du Larzac. Un épisode très dur a également eu lieu dans la lutte opposant les Irlandais de l'IRA au Royaume-Uni sous le régime de Madame Thatcher.

Il est aujourd'hui souvent utilisé par des réfugiés pour forcer l'obtention d'un permis de séjour ; il est aussi pratiqué par des groupes désireux d'assurer une couverture médiatique à leurs idées ou de faire pression sur un gouvernement, une autorité.

d) Jeûne religieux

  • Dans la tradition juive : La religion juive recommande de jeûner au temps de Yom Kippour.

  • Dans la religion catholique : Le jeûne est une pratique courante où il est considéré comme un facteur de purification qui aide à rencontrer Dieu. Il consiste en une privation volontaire de certaines nourritures, la viande essentiellement. Jeûner est souvent associé à l'abstinence qui ne se résume pas, contrairement à une croyance courante, à la privation volontaire de relations intimes. Dans le catholicisme, le jeûne et l'abstinence étaient demandés aux personnes souhaitant recevoir la communion ; la privation de nourriture commençait alors dès la veille. De même pendant la période de Carême (les 40 jours qui précèdent Pâques), le jeûne est fortement recommandé, même si les obligations sont moins formelles qu'autrefois. Enfin, le vendredi a longtemps été le jour de la semaine où l'on faisait systématiquement maigre, c'est-à-dire qu'on ne mangeait pas de viande, ce qui explique la tradition culinaire française de consommer du poisson ce jour-là.

  • Dans le mormonisme : Les saints des derniers jours jeûnent chaque premier dimanche du mois, du samedi soir au dimanche soir (ou du samedi midi au dimanche midi, au choix), en se passant de nourriture et de boisson et en donnant à l'église, pour le bien-être des plus démunis, la valeur des repas non consommés, ou davantage si le donateur le souhaite. En avril et en octobre, pour cause de conférence générale de l'église, le jour de privation de nourriture est reporté au deuxième dimanche du mois.

  • Dans l'Islam : la religion musulmane recommande au croyant de respecter un jeûne, le saoum, pendant le mois de Ramadan principalement, et à d'autres dates également, ainsi qu'en tout temps, afin de développer sa spiritualité. En Islam, le jeûne a une signification large. En effet on parle de jeûne comme d'un renoncement (pas seulement en nourriture ou en boisson)

  • Dans les philosophies orientales : La privation modérée (15 jour à 3 semaines ou le demi-jeûne) a pour vocation d'améliorer la conscience du corps. En combinaison avec des techniques méditatives - ou simplement le temps à laisser se décanter les problèmes - la privation volontaire de nourritures permet de mieux ressentir l'effet des pensées sur notre corps. Cette sensibilité accrue du corps est destinée à mieux ressentir l'effet positif ou négatif des pensées, actions ou projets sur le bien-être.


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